La France finance un câble sous-marin entre la Nouvelle-Calédonie et le Vanuatu

publié le 10/09/2025

Résumé : Le 10 septembre 2025, les autorités ont confirmé un financement public de 18 millions d’euros (≈ 2,15 milliards F CFP) pour un câble sous-marin reliant la Nouvelle-Calédonie et le Vanuatu. Ce « smart cable » doit transporter l’Internet et héberger des capteurs géophysiques utiles aux alertes sismiques et tsunamis. Les objectifs affichés : sécuriser la connectivité régionale, renforcer la résilience en cas de coupure et améliorer la connaissance de l’océan. Les modalités techniques et le calendrier d’exécution seront précisés avec les partenaires institutionnels et industriels.

Ce qui est décidé

Le financement annoncé s’inscrit dans une enveloppe dédiée à l’innovation et à la sécurité technologique. Le câble reliera la Nouvelle-Calédonie au Vanuatu pour créer une route alternative de données et réduire la dépendance à un itinéraire unique. Le projet inclut l’intégration de capteurs le long du câble afin de mesurer en continu certains paramètres physiques (activité sismique et variations associées, température, pression, courants), avec une transmission en quasi temps réel vers des centres d’alerte.

Un câble « intelligent » : comment cela fonctionne

Un câble sous-marin de télécommunications est composé de fibres optiques protégées par une gaine, posées au fond de l’océan ou enterrées dans les zones côtières. La version « smart » ajoute des instruments (modules de mesure, répéteurs adaptés) capables d’exploiter l’infrastructure d’alimentation électrique et de transmission du câble pour acquérir des données océanographiques et géophysiques. L’intérêt est double : mutualiser les coûts (pas de navires dédiés pour des réseaux de capteurs séparés) et disposer d’un dispositif robuste et permanent, là où des bouées ou des stations isolées sont plus fragiles.

Pourquoi c’est stratégique dans le Pacifique

La couverture Internet des îles du Pacifique repose sur quelques axes de câbles et satellites. En cas d’avarie majeure, l’accès à l’Internet mondial peut être interrompu pendant des jours ou des semaines, avec des conséquences lourdes pour les administrations, les entreprises et les services essentiels. En ajoutant une liaison NC–Vanuatu, la Nouvelle-Calédonie gagne en redondance : une panne sur un tronçon existant ne coupe plus totalement le trafic, qui peut être rerouté. À l’échelle régionale, ce maillon renforce la continuité numérique entre États et territoires voisins et soutient les économies locales (tourisme, services, paiement en ligne, santé connectée).

Impacts concrets pour la Nouvelle-Calédonie

La première retombée attendue est la résilience : en cas de rupture de câble ou de maintenance lourde sur un autre itinéraire, les communications essentielles (administration, santé, sécurité, opérateurs critiques) peuvent être maintenues. La seconde concerne la qualité de service : une route supplémentaire permet de mieux répartir les flux et d’absorber les pics de trafic. Troisièmement, les capteurs embarqués peuvent améliorer les systèmes d’alerte aux tsunamis en réduisant le délai de détection, ce qui est crucial pour les populations de la côte Ouest et des îles Loyauté. Enfin, l’écosystème numérique (hébergeurs locaux, PME du cloud, télétravail) bénéficie d’une connectivité plus stable, favorable aux investissements.

Combien cela représente

Le financement public annoncé s’élève à 18 millions d’euros, soit environ 2,148 milliards de francs CFP. Dans les documents opérationnels, cette enveloppe est généralement ventilée entre ingénierie (études, levés bathymétriques), fabrication du câble et des répéteurs, pose et tests, intégration des capteurs, stations d’atterrage et équipements terrestres (salles techniques, alimentation, équipements de routage et supervision).

Gouvernance et partenaires

Le projet associe l’État, des organismes scientifiques et les autorités de Nouvelle-Calédonie et du Vanuatu. La coordination scientifique vise à définir les capteurs pertinents et leur exploitation (partage des données, formats, accès pour les centres d’alerte). Côté télécoms, la réussite du projet dépend de l’articulation avec l’opérateur local et les partenaires vanuatais pour la construction, l’atterrage et l’exploitation commerciale (sécurité physique, maintenance préventive, accords de capacité).

Calendrier et jalons

Un projet de câble sous-marin suit des étapes obligées : études de faisabilité et de tracé (bathymétrie, environnement), autorisations, marchés industriels, fabrication, campagne de pose, tests et mise en service. Les phases d’études peuvent durer plusieurs mois, la fabrication et la pose s’échelonnant ensuite selon les créneaux des câbliers. Les jalons à suivre : publication des marchés, choix industriels, calendrier de pose, raccordements aux stations d’atterrage, première transmission de données scientifiques, puis ouverture commerciale des capacités.

Environnement et concertation

Les impacts environnementaux se concentrent au droit du littoral (corridors d’atterrage) et sur le tracé (ancrages, zones de pêche, habitats sensibles). Les études d’impact définissent des mesures d’évitement et de réduction : choix de corridors existants, enterrement sur les fonds sableux, contournement des récifs, protocoles en zone protégée et information des usagers de la mer. La concertation avec les communes littorales, les coutumiers et les pêcheurs est un facteur de réussite pour éviter les conflits d’usage.

Sécurité civile et données : ce qui change

L’intégration de capteurs ouvre la voie à une amélioration des alertes : un signal plus précoce sur un séisme sous-marin peut faire gagner des minutes précieuses en cas de risque de tsunami. Les données océanographiques alimentent également la recherche (climat, circulation océanique) et les services opérationnels (prévision des houles, sécurité de la navigation). Les modalités de gouvernance des données — accès, confidentialité, publication — devront être clarifiées pour équilibrer les impératifs de sécurité et la valeur scientifique.

Questions en suspens

Plusieurs points restent à préciser : l’architecture finale du tracé (points d’atterrage, route exacte), la répartition précise des coûts entre financement public et apports des partenaires, le modèle économique (tarifs de gros, priorisation des usages critiques), l’agenda détaillé de pose et les garanties contractuelles sur les délais. S’y ajoutent les modalités de maintenance (navire câblier, délais d’intervention) et l’intégration des capteurs au système d’alerte régional.

Encadré — Repères clés

  • Montant public annoncé : 18 M€ (≈ 2,148 Md F CFP).
  • Finalité : connectivité redondante NC–Vanuatu + capteurs géophysiques (« smart cable »).
  • Bénéfices attendus : continuité de service, qualité de connexion, données pour l’alerte.
  • Étapes : études, autorisations, marchés, fabrication, pose, tests, mise en service.
  • Partenaires : État, organismes scientifiques, autorités NC et Vanuatu, opérateurs télécoms.

Conclusion

Ce câble NC–Vanuatu conjugue résilience numérique et innovation scientifique. En renforçant la redondance et en ajoutant des capteurs, il fournit une réponse concrète aux vulnérabilités de connectivité du Pacifique tout en améliorant les dispositifs d’alerte. La réussite dépendra de la maîtrise des délais industriels, de l’adhésion des acteurs locaux et de la clarté de la gouvernance des données. Les prochaines annonces (marchés, calendrier de pose, articulation avec les réseaux existants) permettront d’affiner l’évaluation des impacts pour les usagers calédoniens.