L’Assemblée nationale a renversé le gouvernement Bayrou le 8 septembre 2025

publié le 08/09/2025

Résumé : Le 8 septembre 2025 (9 septembre en Nouvelle‑Calédonie), l’Assemblée nationale a refusé d’accorder la confiance au Premier ministre François Bayrou, provoquant la chute de son gouvernement. Le président Emmanuel Macron a annoncé qu’il nommera un nouveau Premier ministre dans les tout prochains jours. Dans l’intervalle, l’exécutif expédie les affaires courantes. Pour la Nouvelle‑Calédonie, les enjeux immédiats portent sur le calendrier parlementaire lié à l’accord de Bougival, les arbitrages budgétaires 2026 et la continuité des services régaliens.

Ce qui s’est passé à l’Assemblée nationale

Le 8 septembre 2025 à Paris, François Bayrou a engagé la responsabilité de son gouvernement devant l’Assemblée nationale. À l’issue du vote, une majorité de députés a refusé la confiance, provoquant la chute du gouvernement. Cet événement constitue un précédent sous la Ve République : un cabinet tombe après un vote de confiance qu’il a lui‑même sollicité. En application des usages, le Premier ministre remet sa démission au président de la République, qui doit désigner un successeur et former une nouvelle équipe.

Le cap de l’Élysée et la gestion des affaires courantes

Le président Emmanuel Macron a indiqué qu’il nommera un nouveau Premier ministre dans les tout prochains jours. Jusqu’à cette nomination et la formation d’un gouvernement, l’exécutif assure la continuité de l’État : sécurité, santé, éducation et dépenses indispensables. En revanche, l’impulsion politique se réduit et les textes structurants qui requièrent des majorités d’adhésion sont suspendus ou reprogrammés.

Les noms pressentis pour Matignon

Plusieurs profils circulent pour succéder à François Bayrou. Au sein du camp présidentiel, Sébastien Lecornu (ministre des Armées) est régulièrement cité. D’autres noms reviennent dans les discussions : Catherine Vautrin (ministre du Travail et de la Santé), Gérald Darmanin (ministre de la Justice), Pierre Moscovici (premier président de la Cour des comptes) ou encore Éric Lombard (ministre des Finances). Sur une ouverture vers la gauche, le nom d’Olivier Faure (premier secrétaire du Parti socialiste) est évoqué par certains, de même que des figures comme Bernard Cazeneuve ou Raphaël Glucksmann. À droite, des personnalités telles que Xavier Bertrand sont parfois mentionnées pour bâtir des compromis. Aucune décision officielle n’a été communiquée à ce stade.

Conséquences politiques générales à Paris

La chute du gouvernement s’inscrit dans un contexte d’Assemblée fragmentée et de débats intenses sur la trajectoire budgétaire. Le prochain Premier ministre devra d’abord s’assurer qu’un accord de non‑censure est possible sur les textes à venir, en particulier le budget 2026, pour éviter une nouvelle crise institutionnelle qui fragiliserait l’action publique.

Enjeux spécifiques pour la Nouvelle‑Calédonie

La publication au Journal officiel, le 6 septembre 2025, de l’accord de Bougival a ouvert la séquence parlementaire visant notamment à reporter les élections provinciales à juin 2026 et à sécuriser la transition institutionnelle. La chute du gouvernement ne remet pas en cause la publication au Journal officiel, mais elle peut reconfigurer l’agenda d’examen des textes d’application au Parlement. Les institutions locales (Congrès, gouvernement de la Nouvelle‑Calédonie, provinces) sont attentives au calendrier d’avis et d’examen, et aux échanges techniques avec les ministères compétents.

Impacts concrets attendus pour les habitants et les acteurs économiques

• Services publics : continuité assurée (écoles, santé, sécurité), mais annonces nouvelles limitées tant que la nouvelle équipe n’est pas en place.
• Budget 2026 : arbitrages nationaux attendus sur les dotations, soutiens à la sécurité et à la relance ; visibilité à préciser pour les collectivités et opérateurs.
• Processus Bougival : fenêtre d’examen parlementaire susceptible d’évoluer ; nécessité de maintenir la coordination Paris–Nouméa pour éviter des « trous » juridiques.
• Économie : besoin de stabilité réglementaire pour les entreprises (marchés publics, investissements) et de lisibilité pour les organismes de formation et d’insertion.

Cadre juridique : ce que permet l’« expédition des affaires courantes »

L’expédition des affaires courantes garantit la continuité de l’État et autorise la signature d’actes nécessaires au fonctionnement des services. Elle ne permet pas de lancer des réformes de fond ou de prendre des décisions engageant durablement les politiques publiques, sauf urgence démontrée. Les administrations centrales restent mobilisées pour accompagner les territoires, dans le respect des procédures en vigueur.

Chronologie utile

• 6 septembre 2025 : publication au Journal officiel de l’accord de Bougival (fin d’après‑midi à Nouméa).
• 9 septembre 2025 (matin en NC) : annonce de la chute du gouvernement après le vote de confiance à l’Assemblée nationale, et signal de l’Élysée sur la nomination d’un nouveau Premier ministre dans les prochains jours.
• Semaine du 15 septembre 2025 : séquences institutionnelles locales prévues (avis, échanges techniques), en lien avec l’examen national des textes.

Quelles marges de manœuvre pour les institutions calédoniennes ?

• Maintenir le calendrier interne : avis et délibérations locaux peuvent être tenus, afin d’être prêts lorsque l’agenda parlementaire sera clarifié.
• Préparer les dossiers techniques : sécurisation juridique des mesures transitoires, notices d’impact, évaluations budgétaires.
• Dialoguer avec l’administration centrale : échanges avec les directions d’administration (Outre‑mer, Intérieur, Finances) pour anticiper les points sensibles et la mise en œuvre.
• Informer les usagers : pédagogie sur les échéances et les impacts concrets (élections provinciales, services, aides).

Scénarios et risques à surveiller

• Nomination rapide d’un Premier ministre « compatible » avec une non‑censure : possibilité de reprendre l’agenda Bougival et le calendrier budgétaire 2026.
• Ouverture vers une personnalité socialiste ou de consensus : compromis à construire sur la dette et les priorités sociales ; trajectoire des réformes à préciser.
• Nouvelle impasse et tensions parlementaires : risque de re‑programmations en chaîne, avec effets sur la visibilité des collectivités et des entreprises.
• Dissolution de l’Assemblée (non privilégiée à ce stade) : hypothèse perturbatrice pour l’agenda des textes, à surveiller si les blocages persistent.

Impacts sectoriels en Nouvelle‑Calédonie : exemples

• Sécurité et justice : coordination maintenue, priorités inchangées pour l’ordre public ; éventuels ajustements de moyens à préciser au budget.
• Jeunesse, formation, emploi : continuité des dispositifs ; attentes sur les crédits et sur les mesures d’accompagnement de l’insertion.
• Infrastructures : procédures en cours (marchés, programmations) poursuivies ; vigilance sur les autorisations budgétaires pluriannuelles.
• Relations régionales : participation de la Nouvelle‑Calédonie aux rendez‑vous du Pacifique maintenue, sous réserve d’un pilotage politique stabilisé à Paris.

Conclusion

La chute du gouvernement Bayrou ouvre une phase de transition institutionnelle à Paris, sans interrompre la continuité des services. Pour la Nouvelle‑Calédonie, l’enjeu immédiat est la lisibilité du calendrier national sur l’accord de Bougival et sur le budget 2026. La nomination d’un nouveau Premier ministre en capacité de construire une non‑censure déterminera la vitesse de reprise des textes attendus. En attendant, les institutions locales peuvent sécuriser leurs propres échéances et préparer l’exécution rapide des mesures dès que le cadre national sera stabilisé.